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“The weak can never forgive

Forgiveness is the attribute of the strong”.

M.Ghandi

“Le pardon est le parfum que la violette répand sur le talon qui l’a écrasée”. Mark Twain

Le pardon est un phénomène conscient prioritairement, nous avons le libre choix de pardonner ou non. Le pardon n’est pas instantané, il est un processus qui nécessite du temps. Il est avant tout un cadeau que nous faisons à nous-même, il peut être considéré comme un acte égoïste, il renforce notre “estime de soi”. Il est une force, il rend fort, et il est l’apanage du fort. Il demande du courage, de l’empathie, de l’extraversion et de s’extraire de son rôle de victime. Pardonner c’est reprendre le contrôle de ses émotions, c’est transcender sa souffrance, c’est accéder à un autre niveau de son évolution personnelle.

Il est difficile de pardonner lorsque l’on a perdu confiance, notre mental, notre orgueil peuvent alors inhiber notre faculté à l’indulgence. Le ressentiment est dévastateur, il isole, peut générer de la colère envers l’autre mais aussi envers nous-même, de la tristesse, un mauvais état physique et psychique, un intense désir de vengeance car l’Homme est plus enclin à demander réparation qu’à pardonner. En même temps, comment peut-on avoir de la compassion pour son bourreau ? Ne nous y trompons pas, “le pardon” n’est pas l’absolution accordée à celui qui nous a meurtri dans le plus profond de nos chairs, il n’est pas l’amnistie pour celui qui avec arrogance a tout dévasté dans notre vie, il ne s’agit pas d’oublier, d’excuser, d’approuver un comportement ou un acte odieux, de valider ou d’effacer les atrocités commises par son tortionnaire mais de se libérer de nos peurs, de notre désir de vengeance.

Le pardon est une délivrance, un mécanisme prodigieux, il libère l’Âme, nous apporte la paix intérieure, la sérénité, la liberté. Il permet de s’exonérer de l’emprise, du pouvoir de l’autre sur notre vie, de s’émanciper émotionnellement, spirituellement. Il n’est pas une faiblesse, il est une démarche saine nous accordant la capacité d’éviter les ruminations, le stress, l’anxiété, les idées obsessionnelles. Il nous permet de ne pas rester focalisé sur l’impensable, l’insoutenable, le détestable, il nous fait avancer en nous détournant de nos pensées négatives, il nous aide à soigner nos blessures même si finalement la cicatrice reste indélébile. Le pardon peut nous conduire à être plus heureux car il nous délivre du cycle infernal où l’on ressasse encore et encore ce qui s’est passé, ce que l’on aurait dû ou pu faire. L’indulgence domine tout esprit de punition, d’hostilité, de vengeance, elle proscrit la possibilité d’être anéanti, englouti par la haine. Englués dans la rancoeur, nous nous torturons lorsque nous ne pouvons pardonner.

Rappelons-le, le pardon n’est pas l’acceptation de l’acte abject, l’invalidation de la raison de la souffrance, la non-reconnaissance de la blessure, bien au contraire. Parfois l’amour-propre, la vanité, la soif puissante et intarissable de vengeance, le sentiment inacceptable de culpabilité par le fait de ne plus souffrir quand l’impardonnable a été commis empêchent l’initiation au pardon. Pardonner est un don, un cadeau, la propension à se libérer de l’emprise du tyran qui nous hante, nous attribue le pouvoir de modifier, de changer nos perceptions. Il n’est pas nécessaire de souffrir pour garder en mémoire les outrages d’un autre.

L’Homme blessé, trahi, abusé, souffre et n’a de cesse que de réclamer vengeance en nourrissant l’espoir insensé que celle-ci lui apportera le réconfort, la reconnaissance dont il a tant besoin. L’Homme en colère, gorgé de rancunes, rongé par la haine, ne peut être heureux. Obnubilé par le ressentiment qu’il éprouve vis-à-vis de son bourreau, il en oublie de vivre.

Alors se profile l’ombre de la guérison, l’antidote au désespoir et à la souffrance, le pardon…